Ce projet support de la demande de renouvellement a une double spécificité. Thématique d’abord, puisque, réunissant des chercheurs cliniciens et des enseignants chercheurs d’origine diversifiée (appareil locomoteur, activité physique et motricité, cognition et comportement, systèmes végétatifs) dont le point commun est la recherche clinique translationnelle sur le handicap. Organisationnelle ensuite, puisque ce groupe s’appuie pour une large part sur des projets de recherche mutualisés et des programmes communs d’envergure nationale ou internationale, et sur son implantation à l’interface des disciplines. La place du Handicap dans la recherche est réaffirmée dans le projet de plan d’action mondial de l’OMS relatif au handicap 2014-2021 (67ème assemblée mondiale de la santé avril 2014) : un meilleur état de santé pour toutes les personnes handicapées. Au niveau national, elle vient d’être renforcée par les décisions en 2014 du Comité interministériel handicap de renforcer l’axe recherche et le rôle des Alliances et des Directions centrales des administrations concernées par la recherche dans l’Observatoire National de la Formation Recherche Innovation Handicap (ONFRIH) mis en place par la Loi Handicap de 2005. Au niveau national, cela se traduira par l’élaboration en 2014-2015, avec les 3 alliances concernées (AVIESAN, ALLISTENE et ATHENA), d’une stratégie conjointe de recherche sur les thématiques handicap/incapacité/dépendance. De même, professionnels de la recherche clinique et de recherche en sciences sociales seront incités à travailler ensemble : seront expertisées les modalités les mieux à même de coordonner une recherche décloisonnée entre recherche fondamentale, innovation et organisation des soins. La complémentarité des recherches avec celles de ses partenaires européens dans le nouveau programme cadre européen « H 2020 » sera recherchée.
Les axes de recherche du précédent contrat 1/ suivi de populations spécifiques et devenir des patients atteints de pathologies invalidantes, 2/ analyse des handicaps et des limitations fonctionnelles 3/compréhension des mécanismes et l’impact des interventions seront maintenus, mais dans leur sein l’étude des facteurs fonctionnels conditionnant la participation des individus et l’efficience à long terme seront encore plus privilégiés.
Les avancées de la neurophysiologie des dérégulations, de l’imagerie, la meilleure compréhension des processus de plasticité et de réorganisation post-lésionnelle des systèmes organiques, les progrès des sciences cognitives ou le développement des analyses instrumentales du mouvement ont représenté une avancée déterminante en permettant de nouvelles modélisations et de nouveaux modes d’évaluation et de compensation des handicaps. Cette meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents aux symptômes déficitaires et aux pertes de fonction ouvre la voie à de nouvelles techniques d’intervention et à des programmes de rééducation centrés sur le mécanisme des déficiences et non plus sur leur simple expression clinique. De nouveaux moyens technologiques apparaissent pour le réentrainement (comme les outils de réalité virtuelle), la compensation (ainsi les dispositifs palliatifs ou les exercices pour la communication ou le contrôle postural), la substitution (ainsi les dispositifs proposés dans la dépendance cognitive). La démonstration de leur faisabilité chez l’homme et de leur intérêt clinique restera un objectif essentiel de notre groupe.
Les interventions et technologies dans les affections chroniques et handicapantes ont d’abord été envisagées comme des moyens de compensation d’un organe ou d’une fonction perdue : ce remplacement fonctionnel concerne aujourd’hui de nombreuses « ressources » comme l’intégration corporelle de l’objet technique, que ce soit la prothèse, l’implant cochléaire ou rétinien, et le bras ou le pied artificiel. L’évolution des outils utilisés (lunettes, prothèses auditives, interfaces tactile et olfactive) en est la traduction, avec l’apparition de suppléances de plus en plus personnalisées et adaptées aux déficiences. Mais l’ouverture de la « plasticité » et la généralisation des technologies numériques révolutionnent aujourd’hui également la restitution fonctionnelle des habiletés quotidiennes et la réadaptation. Elles permettent d’envisager le maintien ou le retour à l’autonomie par la mobilisation de nouvelles ressources d’un nombre croissant de personnes touchées par des maladies chroniques ou invalidantes, de l’enfant jusqu’à la fragilité liée au très grand âge. Au-delà d’une approche analytique de leurs composantes motrices et cognitives, les habiletés fonctionnelles deviennent un enjeu essentiel et justifie notre approche basée sur l’étude individuelle des activités réelles, simulées ou modélisées de l’individu et de son environnement. Les interventions de réadaptation et les technologies impactent également notre représentation sociétale, la communication avec autrui et avec la société, et prennent place dans les outils favorisant la participation. Les applications sont envisagées de l’établissement de soin jusqu’au domicile et à la vie quotidienne. Dans cette perspective les études observationnelles de cohortes dont l’objectif est d’identifier les facteurs associés à la restriction de participation, en collaboration avec l’axe A, ont une place importante à côté ou combinées à des études interventionnelles, et seront soutenues dans les collaborations de l’axe.
Indissociable et complémentaire de nos activités de recherche l’investissement dans la formation va être poursuivi avec 3 priorités :
- Acquisition de compétences avec des programmes donnant une plus large part à la dimension pratique de la recherche vis-à-vis de l’apprentissage cognitif, via des échanges et des collaborations inter-équipes de jeunes chercheurs comme cela vient d’être fait pour le projet Remoco (Montpellier-Laval-Bordeaux)
- Echanges internationaux via les collaborations développées
- Renforcement de l’offre de formation internationale avec une participation accrue d’experts internationaux (l’objectif étant au moins 50% d’intervenants non français)