lundi, 19 août 2013 15:53

Appel à contributions pour terrains & travaux n°23

 « Politiques du handicap », appel à contributions pour terrains & travaux n°23, 2013/2

Dossier coordonné par Pierre-Yves Baudot (UVSQ, CESDIP et CEE), Céline Borelle (IEP

Grenoble, PACTE) et Anne Revillard (Sciences Po, OSC-LIEPP)

Organisation d’une manifestation de rue par une association de personnes handicapées, droit

de vote des majeurs sous tutelle, « parcours du combattant » autour de la scolarisation en

« milieu ordinaire » des enfants en situation de handicap, mobilisations autour de

l’accessibilité des lieux publics, mesure du « taux d’incapacité » d’une personne, controverses

autour du droit à la vie affective et sexuelle des personnes handicapées... Les dimensions

politiques du handicap sont aujourd’hui multiples. Saisir le handicap comme une question

politique permet de mettre en évidence de nombreux paradoxes, à l’origine de la conception

de ce dossier thématique consacré à ce qui politise le handicap, la notion de politique étant

entendue dans un sens large : construction et mise en loi d’un problème public, enjeux

partisans et électoraux, enjeux de gouvernement, mobilisations associatives…

Envisagé sous l’angle de la mise en loi d’une question médicale et sociale, le handicap frappe

au premier abord par sa “sous-politisation”. La dimension conflictuelle du politique laisse en

effet la place à une forme de consensus : moral tout d’abord, sur la légitimité des populations

concernées à bénéficier d’une compensation socio-économique, et pratique, en termes de

modèle de référence (le « modèle social » tendant à remplacer le « modèle médical »), au

moins dans les exhortations législatives. Pourtant, ce double consensus mérite d’être

questionné. Historiquement, les lois de 1898 sur les accidents du travail et celle de 1919 sur

l’emploi des invalides de guerre interrogent les conditions de possibilités d’un regroupement

de situations très différentes sous la notion de handicap, catégorie ayant permis la définition

d’un problème collectif et légitimant une action publique spécifique. L’institution du handicap

comme enjeu public pose également la question des relations entre le champ du handicap et

d’autres champs d’action publique connexes tels que ceux de la santé ou encore de l’enfance.

Le processus de décloisonnement du handicap mérite par ailleurs d’être étudié. Cette étude

pourrait porter sur le mouvement historique de désinstitutionalisation du handicap ayant

conduit, dans le dernier quart du XXe siècle, à une progressive inclusion des personnes

handicapées dans les institutions « ordinaires » de la société : emploi, école, famille. L’étude

du décloisonnement du handicap pourrait aussi porter sur les tentatives d’institution du

handicap comme question transversale d’action publique. La façon dont les politiques

Appel à contributions

Politiques du handicap

terrains & travaux n°23, 2013/2

2

publiques à destination des personnes handicapées cristallisent les injonctions (activation,

responsabilisation, individualisation) portées par les nouvelles politiques sociales mérite

également attention. Enfin, l’analyse de cette mise en loi interroge la circulation internationale

de la référence à un même modèle politique d’appréhension du handicap.

Envisagée sous l’angle partisan et électoral, la situation française apparaît relativement

spécifique, du fait de l’absence de prises en charge partisanes visibles de la question du

handicap et du manque d’études portant sur le comportement électoral des personnes

handicapées, par contraste avec les travaux anglo-saxons. Pourtant, l’accès à la citoyenneté

politique des personnes handicapées est établi dans la loi de 2005, rendant obligatoire la mise

en accessibilité de l’opération électorale. Par ailleurs, la loi de 2009 qui permet aux personnes

majeures sous tutelle de participer au processus électoral vient questionner les principes

classiques de définition de la citoyenneté et la dimension individuelle de l’acte de vote, les

personnes handicapées mentales pouvant être accompagnées en amont par des structures

associatives.

Envisagée sous l’angle des mobilisations associatives, la question du handicap laisse là

encore apparaître une situation ambigüe. Engagées de longue date dans la régulation de ce

secteur de politiques publiques, les associations sont invitées à travailler avec les institutions

publiques et à gérer les dispositifs (notamment les établissements). Dans une telle

configuration, elles sont susceptibles d’éviter une politisation des revendications qui mettrait

en péril la stabilité de leurs échanges avec le politique. Ceci n’empêche toutefois pas

l’adoption par certaines d’entre elles d’un répertoire d’action plus contestataire, mettant

notamment l’accent sur la défense des droits. L’analyse des relations entretenues par les

associations avec l’expertise dans le domaine de la santé – la place des associations dans les

controverses scientifiques, dans l’usage politique des savoirs ou encore dans la production des

connaissances – est également un enjeu majeur de la politisation du handicap, permettant

d’étudier une forme particulière de politisation médiée par l’expertise scientifique. L’analyse

de l’articulation entre mobilisations collectives d’une part et définition et mise en oeuvre des

politiques publiques d’autre part est ainsi un des axes qui permettrait d’éclairer l’action

associative, contemporaine comme passée.

Envisagée sous l’angle des dispositifs institutionnels, les politiques du handicap peuvent être

décrites à partir des rapports que les individus nouent, sur le long terme, avec les institutions,

mais aussi des processus de changement affectant les institutions productrices de droit et

celles accueillant dans leurs murs les personnes handicapées, ou encore sous l’angle de

l’alternative entre traitement institutionnel du handicap et inclusion sociale. Le processus de

désinstitutionalisation du handicap précédemment mentionné a induit la création de nouvelles

activités d’aide à la personne (auxiliaire de vie scolaire, assistant-e familial-e) dont la

professionnalisation demeure inaboutie. Se pose donc la question de comprendre les relations

qui se nouent entre ces nouveaux/elles aidant-e-s, les aidant-e-s considéré-e-s comme

« naturel-le-s » et les aidant-e-s dont la professionnalisation est davantage assurée. L’analyse

de ces relations pourrait être l’occasion de nuancer la distinction de ces différentes catégories

d’aidant-e-s selon des clivages tels que celui entre profane et professionnel. Se pose

également la question de la mise en oeuvre des droits reconnus aux personnes handicapées,

notamment (en France) au sein des Maisons Départementales des Personnes Handicapées

3

(MDPH) et des Commissions des Droits et de l’Autonomie qu’elles hébergent (CDAPH),

mais également dans l’ensemble des arènes interstitielles au sein desquelles sont concrètement

produits ces droits. Ces différents dispositifs, plus ou moins institutionnalisés, sont autant

d’espaces où se déploient des relations de pouvoir, où se distribuent les capacités d’agir et les

légitimités des différents acteurs concernés, autant de lieux où se forment les identités sociales

et où se gouvernent les subjectivités individuelles.

Ce dossier thématique de terrains & travaux accueillera des contributions de plusieurs

disciplines (sociologie, science politique, économie, histoire...) s’inscrivant, de façon non

exhaustive, dans les axes développés ci-dessus. Les contributions devront prendre appui sur

des enquêtes de terrain soigneusement documentées et préciser la méthodologie adoptée.

Les articles, de 40 000 signes maximum (espaces, notes et bibliographie compris),

accompagnés d’un résumé de 150 mots et de 5 mots-clés en français et en anglais, devront

parvenir sous forme électronique (format Word, cf indications ci-dessous pour la mise en

forme des textes) aux coordinateurs du numéro avant le 26 février 2013 aux adresses

suivantes :

Pierre-Yves Baudot : pybaudot[a]cesdip.fr

Céline Borelle : cborelle[a]yahoo.fr

Anne Revillard : anne.revillard[a]gmail.com

La revue accueille par ailleurs des notes critiques sur le thème (25 000 signes maximum),

ainsi que des articles hors dossier (40 000 signes maximum). Les articles hors dossier

doivent être envoyés à Anne Revillard : anne.revillard[a]gmail.com

Mise en forme des textes pour une première soumission à terrains & travaux :

- Document au format Word (.doc) en Times 12, interligne simple

- 2 niveaux hiérarchiques de titres, non numérotés : titre de partie en gras, sous-titre en

italiques

- Pour les normes de présentation des références bibliographiques, se référer à un numéro

récent de la revue : http://www.cairn.info/revue-terrains-et-travaux.htm

 « Politiques du handicap », appel à contributions pour terrains & travaux n°23, 2013/2

Dossier coordonné par Pierre-Yves Baudot (UVSQ, CESDIP et CEE), Céline Borelle (IEP

Grenoble, PACTE) et Anne Revillard (Sciences Po, OSC-LIEPP)

Organisation d’une manifestation de rue par une association de personnes handicapées, droit

de vote des majeurs sous tutelle, « parcours du combattant » autour de la scolarisation en

« milieu ordinaire » des enfants en situation de handicap, mobilisations autour de

l’accessibilité des lieux publics, mesure du « taux d’incapacité » d’une personne, controverses

autour du droit à la vie affective et sexuelle des personnes handicapées... Les dimensions

politiques du handicap sont aujourd’hui multiples. Saisir le handicap comme une question

politique permet de mettre en évidence de nombreux paradoxes, à l’origine de la conception

de ce dossier thématique consacré à ce qui politise le handicap, la notion de politique étant

entendue dans un sens large : construction et mise en loi d’un problème public, enjeux

partisans et électoraux, enjeux de gouvernement, mobilisations associatives…

Envisagé sous l’angle de la mise en loi d’une question médicale et sociale, le handicap frappe

au premier abord par sa “sous-politisation”. La dimension conflictuelle du politique laisse en

effet la place à une forme de consensus : moral tout d’abord, sur la légitimité des populations

concernées à bénéficier d’une compensation socio-économique, et pratique, en termes de

modèle de référence (le « modèle social » tendant à remplacer le « modèle médical »), au

moins dans les exhortations législatives. Pourtant, ce double consensus mérite d’être

questionné. Historiquement, les lois de 1898 sur les accidents du travail et celle de 1919 sur

l’emploi des invalides de guerre interrogent les conditions de possibilités d’un regroupement

de situations très différentes sous la notion de handicap, catégorie ayant permis la définition

d’un problème collectif et légitimant une action publique spécifique. L’institution du handicap

comme enjeu public pose également la question des relations entre le champ du handicap et

d’autres champs d’action publique connexes tels que ceux de la santé ou encore de l’enfance.

Le processus de décloisonnement du handicap mérite par ailleurs d’être étudié. Cette étude

pourrait porter sur le mouvement historique de désinstitutionalisation du handicap ayant

conduit, dans le dernier quart du XXe siècle, à une progressive inclusion des personnes

handicapées dans les institutions « ordinaires » de la société : emploi, école, famille. L’étude

du décloisonnement du handicap pourrait aussi porter sur les tentatives d’institution du

handicap comme question transversale d’action publique. La façon dont les politiques

Appel à contributions

Politiques du handicap

terrains & travaux n°23, 2013/2

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publiques à destination des personnes handicapées cristallisent les injonctions (activation,

responsabilisation, individualisation) portées par les nouvelles politiques sociales mérite

également attention. Enfin, l’analyse de cette mise en loi interroge la circulation internationale

de la référence à un même modèle politique d’appréhension du handicap.

Envisagée sous l’angle partisan et électoral, la situation française apparaît relativement

spécifique, du fait de l’absence de prises en charge partisanes visibles de la question du

handicap et du manque d’études portant sur le comportement électoral des personnes

handicapées, par contraste avec les travaux anglo-saxons. Pourtant, l’accès à la citoyenneté

politique des personnes handicapées est établi dans la loi de 2005, rendant obligatoire la mise

en accessibilité de l’opération électorale. Par ailleurs, la loi de 2009 qui permet aux personnes

majeures sous tutelle de participer au processus électoral vient questionner les principes

classiques de définition de la citoyenneté et la dimension individuelle de l’acte de vote, les

personnes handicapées mentales pouvant être accompagnées en amont par des structures

associatives.

Envisagée sous l’angle des mobilisations associatives, la question du handicap laisse là

encore apparaître une situation ambigüe. Engagées de longue date dans la régulation de ce

secteur de politiques publiques, les associations sont invitées à travailler avec les institutions

publiques et à gérer les dispositifs (notamment les établissements). Dans une telle

configuration, elles sont susceptibles d’éviter une politisation des revendications qui mettrait

en péril la stabilité de leurs échanges avec le politique. Ceci n’empêche toutefois pas

l’adoption par certaines d’entre elles d’un répertoire d’action plus contestataire, mettant

notamment l’accent sur la défense des droits. L’analyse des relations entretenues par les

associations avec l’expertise dans le domaine de la santé – la place des associations dans les

controverses scientifiques, dans l’usage politique des savoirs ou encore dans la production des

connaissances – est également un enjeu majeur de la politisation du handicap, permettant

d’étudier une forme particulière de politisation médiée par l’expertise scientifique. L’analyse

de l’articulation entre mobilisations collectives d’une part et définition et mise en oeuvre des

politiques publiques d’autre part est ainsi un des axes qui permettrait d’éclairer l’action

associative, contemporaine comme passée.

Envisagée sous l’angle des dispositifs institutionnels, les politiques du handicap peuvent être

décrites à partir des rapports que les individus nouent, sur le long terme, avec les institutions,

mais aussi des processus de changement affectant les institutions productrices de droit et

celles accueillant dans leurs murs les personnes handicapées, ou encore sous l’angle de

l’alternative entre traitement institutionnel du handicap et inclusion sociale. Le processus de

désinstitutionalisation du handicap précédemment mentionné a induit la création de nouvelles

activités d’aide à la personne (auxiliaire de vie scolaire, assistant-e familial-e) dont la

professionnalisation demeure inaboutie. Se pose donc la question de comprendre les relations

qui se nouent entre ces nouveaux/elles aidant-e-s, les aidant-e-s considéré-e-s comme

« naturel-le-s » et les aidant-e-s dont la professionnalisation est davantage assurée. L’analyse

de ces relations pourrait être l’occasion de nuancer la distinction de ces différentes catégories

d’aidant-e-s selon des clivages tels que celui entre profane et professionnel. Se pose

également la question de la mise en oeuvre des droits reconnus aux personnes handicapées,

notamment (en France) au sein des Maisons Départementales des Personnes Handicapées

3

(MDPH) et des Commissions des Droits et de l’Autonomie qu’elles hébergent (CDAPH),

mais également dans l’ensemble des arènes interstitielles au sein desquelles sont concrètement

produits ces droits. Ces différents dispositifs, plus ou moins institutionnalisés, sont autant

d’espaces où se déploient des relations de pouvoir, où se distribuent les capacités d’agir et les

légitimités des différents acteurs concernés, autant de lieux où se forment les identités sociales

et où se gouvernent les subjectivités individuelles.

Ce dossier thématique de terrains & travaux accueillera des contributions de plusieurs

disciplines (sociologie, science politique, économie, histoire...) s’inscrivant, de façon non

exhaustive, dans les axes développés ci-dessus. Les contributions devront prendre appui sur

des enquêtes de terrain soigneusement documentées et préciser la méthodologie adoptée.

Les articles, de 40 000 signes maximum (espaces, notes et bibliographie compris),

accompagnés d’un résumé de 150 mots et de 5 mots-clés en français et en anglais, devront

parvenir sous forme électronique (format Word, cf indications ci-dessous pour la mise en

forme des textes) aux coordinateurs du numéro avant le 26 février 2013 aux adresses

suivantes :

Pierre-Yves Baudot : pybaudot[a]cesdip.fr

Céline Borelle : cborelle[a]yahoo.fr

Anne Revillard : anne.revillard[a]gmail.com

La revue accueille par ailleurs des notes critiques sur le thème (25 000 signes maximum),

ainsi que des articles hors dossier (40 000 signes maximum). Les articles hors dossier

doivent être envoyés à Anne Revillard : anne.revillard[a]gmail.com

Mise en forme des textes pour une première soumission à terrains & travaux :

- Document au format Word (.doc) en Times 12, interligne simple

- 2 niveaux hiérarchiques de titres, non numérotés : titre de partie en gras, sous-titre en

italiques

- Pour les normes de présentation des références bibliographiques, se référer à un numéro

récent de la revue : http://www.cairn.info/revue-terrains-et-travaux.htm