« Politiques du handicap », appel à contributions pour terrains & travaux n°23, 2013/2
Dossier coordonné par Pierre-Yves Baudot (UVSQ, CESDIP et CEE), Céline Borelle (IEP
Grenoble, PACTE) et Anne Revillard (Sciences Po, OSC-LIEPP)
Organisation d’une manifestation de rue par une association de personnes handicapées, droit
de vote des majeurs sous tutelle, « parcours du combattant » autour de la scolarisation en
« milieu ordinaire » des enfants en situation de handicap, mobilisations autour de
l’accessibilité des lieux publics, mesure du « taux d’incapacité » d’une personne, controverses
autour du droit à la vie affective et sexuelle des personnes handicapées... Les dimensions
politiques du handicap sont aujourd’hui multiples. Saisir le handicap comme une question
politique permet de mettre en évidence de nombreux paradoxes, à l’origine de la conception
de ce dossier thématique consacré à ce qui politise le handicap, la notion de politique étant
entendue dans un sens large : construction et mise en loi d’un problème public, enjeux
partisans et électoraux, enjeux de gouvernement, mobilisations associatives…
Envisagé sous l’angle de la mise en loi d’une question médicale et sociale, le handicap frappe
au premier abord par sa “sous-politisation”. La dimension conflictuelle du politique laisse en
effet la place à une forme de consensus : moral tout d’abord, sur la légitimité des populations
concernées à bénéficier d’une compensation socio-économique, et pratique, en termes de
modèle de référence (le « modèle social » tendant à remplacer le « modèle médical »), au
moins dans les exhortations législatives. Pourtant, ce double consensus mérite d’être
questionné. Historiquement, les lois de 1898 sur les accidents du travail et celle de 1919 sur
l’emploi des invalides de guerre interrogent les conditions de possibilités d’un regroupement
de situations très différentes sous la notion de handicap, catégorie ayant permis la définition
d’un problème collectif et légitimant une action publique spécifique. L’institution du handicap
comme enjeu public pose également la question des relations entre le champ du handicap et
d’autres champs d’action publique connexes tels que ceux de la santé ou encore de l’enfance.
Le processus de décloisonnement du handicap mérite par ailleurs d’être étudié. Cette étude
pourrait porter sur le mouvement historique de désinstitutionalisation du handicap ayant
conduit, dans le dernier quart du XXe siècle, à une progressive inclusion des personnes
handicapées dans les institutions « ordinaires » de la société : emploi, école, famille. L’étude
du décloisonnement du handicap pourrait aussi porter sur les tentatives d’institution du
handicap comme question transversale d’action publique. La façon dont les politiques
Appel à contributions
Politiques du handicap
terrains & travaux n°23, 2013/2
2
publiques à destination des personnes handicapées cristallisent les injonctions (activation,
responsabilisation, individualisation) portées par les nouvelles politiques sociales mérite
également attention. Enfin, l’analyse de cette mise en loi interroge la circulation internationale
de la référence à un même modèle politique d’appréhension du handicap.
Envisagée sous l’angle partisan et électoral, la situation française apparaît relativement
spécifique, du fait de l’absence de prises en charge partisanes visibles de la question du
handicap et du manque d’études portant sur le comportement électoral des personnes
handicapées, par contraste avec les travaux anglo-saxons. Pourtant, l’accès à la citoyenneté
politique des personnes handicapées est établi dans la loi de 2005, rendant obligatoire la mise
en accessibilité de l’opération électorale. Par ailleurs, la loi de 2009 qui permet aux personnes
majeures sous tutelle de participer au processus électoral vient questionner les principes
classiques de définition de la citoyenneté et la dimension individuelle de l’acte de vote, les
personnes handicapées mentales pouvant être accompagnées en amont par des structures
associatives.
Envisagée sous l’angle des mobilisations associatives, la question du handicap laisse là
encore apparaître une situation ambigüe. Engagées de longue date dans la régulation de ce
secteur de politiques publiques, les associations sont invitées à travailler avec les institutions
publiques et à gérer les dispositifs (notamment les établissements). Dans une telle
configuration, elles sont susceptibles d’éviter une politisation des revendications qui mettrait
en péril la stabilité de leurs échanges avec le politique. Ceci n’empêche toutefois pas
l’adoption par certaines d’entre elles d’un répertoire d’action plus contestataire, mettant
notamment l’accent sur la défense des droits. L’analyse des relations entretenues par les
associations avec l’expertise dans le domaine de la santé – la place des associations dans les
controverses scientifiques, dans l’usage politique des savoirs ou encore dans la production des
connaissances – est également un enjeu majeur de la politisation du handicap, permettant
d’étudier une forme particulière de politisation médiée par l’expertise scientifique. L’analyse
de l’articulation entre mobilisations collectives d’une part et définition et mise en oeuvre des
politiques publiques d’autre part est ainsi un des axes qui permettrait d’éclairer l’action
associative, contemporaine comme passée.
Envisagée sous l’angle des dispositifs institutionnels, les politiques du handicap peuvent être
décrites à partir des rapports que les individus nouent, sur le long terme, avec les institutions,
mais aussi des processus de changement affectant les institutions productrices de droit et
celles accueillant dans leurs murs les personnes handicapées, ou encore sous l’angle de
l’alternative entre traitement institutionnel du handicap et inclusion sociale. Le processus de
désinstitutionalisation du handicap précédemment mentionné a induit la création de nouvelles
activités d’aide à la personne (auxiliaire de vie scolaire, assistant-e familial-e) dont la
professionnalisation demeure inaboutie. Se pose donc la question de comprendre les relations
qui se nouent entre ces nouveaux/elles aidant-e-s, les aidant-e-s considéré-e-s comme
« naturel-le-s » et les aidant-e-s dont la professionnalisation est davantage assurée. L’analyse
de ces relations pourrait être l’occasion de nuancer la distinction de ces différentes catégories
d’aidant-e-s selon des clivages tels que celui entre profane et professionnel. Se pose
également la question de la mise en oeuvre des droits reconnus aux personnes handicapées,
notamment (en France) au sein des Maisons Départementales des Personnes Handicapées
3
(MDPH) et des Commissions des Droits et de l’Autonomie qu’elles hébergent (CDAPH),
mais également dans l’ensemble des arènes interstitielles au sein desquelles sont concrètement
produits ces droits. Ces différents dispositifs, plus ou moins institutionnalisés, sont autant
d’espaces où se déploient des relations de pouvoir, où se distribuent les capacités d’agir et les
légitimités des différents acteurs concernés, autant de lieux où se forment les identités sociales
et où se gouvernent les subjectivités individuelles.
Ce dossier thématique de terrains & travaux accueillera des contributions de plusieurs
disciplines (sociologie, science politique, économie, histoire...) s’inscrivant, de façon non
exhaustive, dans les axes développés ci-dessus. Les contributions devront prendre appui sur
des enquêtes de terrain soigneusement documentées et préciser la méthodologie adoptée.
Les articles, de 40 000 signes maximum (espaces, notes et bibliographie compris),
accompagnés d’un résumé de 150 mots et de 5 mots-clés en français et en anglais, devront
parvenir sous forme électronique (format Word, cf indications ci-dessous pour la mise en
forme des textes) aux coordinateurs du numéro avant le 26 février 2013 aux adresses
suivantes :
Pierre-Yves Baudot : pybaudot[a]cesdip.fr
Céline Borelle : cborelle[a]yahoo.fr
Anne Revillard : anne.revillard[a]gmail.com
La revue accueille par ailleurs des notes critiques sur le thème (25 000 signes maximum),
ainsi que des articles hors dossier (40 000 signes maximum). Les articles hors dossier
doivent être envoyés à Anne Revillard : anne.revillard[a]gmail.com
Mise en forme des textes pour une première soumission à terrains & travaux :
- Document au format Word (.doc) en Times 12, interligne simple
- 2 niveaux hiérarchiques de titres, non numérotés : titre de partie en gras, sous-titre en
italiques
- Pour les normes de présentation des références bibliographiques, se référer à un numéro
récent de la revue : http://www.cairn.info/revue-terrains-et-travaux.htm
« Politiques du handicap », appel à contributions pour terrains & travaux n°23, 2013/2
Dossier coordonné par Pierre-Yves Baudot (UVSQ, CESDIP et CEE), Céline Borelle (IEP
Grenoble, PACTE) et Anne Revillard (Sciences Po, OSC-LIEPP)
Organisation d’une manifestation de rue par une association de personnes handicapées, droit
de vote des majeurs sous tutelle, « parcours du combattant » autour de la scolarisation en
« milieu ordinaire » des enfants en situation de handicap, mobilisations autour de
l’accessibilité des lieux publics, mesure du « taux d’incapacité » d’une personne, controverses
autour du droit à la vie affective et sexuelle des personnes handicapées... Les dimensions
politiques du handicap sont aujourd’hui multiples. Saisir le handicap comme une question
politique permet de mettre en évidence de nombreux paradoxes, à l’origine de la conception
de ce dossier thématique consacré à ce qui politise le handicap, la notion de politique étant
entendue dans un sens large : construction et mise en loi d’un problème public, enjeux
partisans et électoraux, enjeux de gouvernement, mobilisations associatives…
Envisagé sous l’angle de la mise en loi d’une question médicale et sociale, le handicap frappe
au premier abord par sa “sous-politisation”. La dimension conflictuelle du politique laisse en
effet la place à une forme de consensus : moral tout d’abord, sur la légitimité des populations
concernées à bénéficier d’une compensation socio-économique, et pratique, en termes de
modèle de référence (le « modèle social » tendant à remplacer le « modèle médical »), au
moins dans les exhortations législatives. Pourtant, ce double consensus mérite d’être
questionné. Historiquement, les lois de 1898 sur les accidents du travail et celle de 1919 sur
l’emploi des invalides de guerre interrogent les conditions de possibilités d’un regroupement
de situations très différentes sous la notion de handicap, catégorie ayant permis la définition
d’un problème collectif et légitimant une action publique spécifique. L’institution du handicap
comme enjeu public pose également la question des relations entre le champ du handicap et
d’autres champs d’action publique connexes tels que ceux de la santé ou encore de l’enfance.
Le processus de décloisonnement du handicap mérite par ailleurs d’être étudié. Cette étude
pourrait porter sur le mouvement historique de désinstitutionalisation du handicap ayant
conduit, dans le dernier quart du XXe siècle, à une progressive inclusion des personnes
handicapées dans les institutions « ordinaires » de la société : emploi, école, famille. L’étude
du décloisonnement du handicap pourrait aussi porter sur les tentatives d’institution du
handicap comme question transversale d’action publique. La façon dont les politiques
Appel à contributions
Politiques du handicap
terrains & travaux n°23, 2013/2
2
publiques à destination des personnes handicapées cristallisent les injonctions (activation,
responsabilisation, individualisation) portées par les nouvelles politiques sociales mérite
également attention. Enfin, l’analyse de cette mise en loi interroge la circulation internationale
de la référence à un même modèle politique d’appréhension du handicap.
Envisagée sous l’angle partisan et électoral, la situation française apparaît relativement
spécifique, du fait de l’absence de prises en charge partisanes visibles de la question du
handicap et du manque d’études portant sur le comportement électoral des personnes
handicapées, par contraste avec les travaux anglo-saxons. Pourtant, l’accès à la citoyenneté
politique des personnes handicapées est établi dans la loi de 2005, rendant obligatoire la mise
en accessibilité de l’opération électorale. Par ailleurs, la loi de 2009 qui permet aux personnes
majeures sous tutelle de participer au processus électoral vient questionner les principes
classiques de définition de la citoyenneté et la dimension individuelle de l’acte de vote, les
personnes handicapées mentales pouvant être accompagnées en amont par des structures
associatives.
Envisagée sous l’angle des mobilisations associatives, la question du handicap laisse là
encore apparaître une situation ambigüe. Engagées de longue date dans la régulation de ce
secteur de politiques publiques, les associations sont invitées à travailler avec les institutions
publiques et à gérer les dispositifs (notamment les établissements). Dans une telle
configuration, elles sont susceptibles d’éviter une politisation des revendications qui mettrait
en péril la stabilité de leurs échanges avec le politique. Ceci n’empêche toutefois pas
l’adoption par certaines d’entre elles d’un répertoire d’action plus contestataire, mettant
notamment l’accent sur la défense des droits. L’analyse des relations entretenues par les
associations avec l’expertise dans le domaine de la santé – la place des associations dans les
controverses scientifiques, dans l’usage politique des savoirs ou encore dans la production des
connaissances – est également un enjeu majeur de la politisation du handicap, permettant
d’étudier une forme particulière de politisation médiée par l’expertise scientifique. L’analyse
de l’articulation entre mobilisations collectives d’une part et définition et mise en oeuvre des
politiques publiques d’autre part est ainsi un des axes qui permettrait d’éclairer l’action
associative, contemporaine comme passée.
Envisagée sous l’angle des dispositifs institutionnels, les politiques du handicap peuvent être
décrites à partir des rapports que les individus nouent, sur le long terme, avec les institutions,
mais aussi des processus de changement affectant les institutions productrices de droit et
celles accueillant dans leurs murs les personnes handicapées, ou encore sous l’angle de
l’alternative entre traitement institutionnel du handicap et inclusion sociale. Le processus de
désinstitutionalisation du handicap précédemment mentionné a induit la création de nouvelles
activités d’aide à la personne (auxiliaire de vie scolaire, assistant-e familial-e) dont la
professionnalisation demeure inaboutie. Se pose donc la question de comprendre les relations
qui se nouent entre ces nouveaux/elles aidant-e-s, les aidant-e-s considéré-e-s comme
« naturel-le-s » et les aidant-e-s dont la professionnalisation est davantage assurée. L’analyse
de ces relations pourrait être l’occasion de nuancer la distinction de ces différentes catégories
d’aidant-e-s selon des clivages tels que celui entre profane et professionnel. Se pose
également la question de la mise en oeuvre des droits reconnus aux personnes handicapées,
notamment (en France) au sein des Maisons Départementales des Personnes Handicapées
3
(MDPH) et des Commissions des Droits et de l’Autonomie qu’elles hébergent (CDAPH),
mais également dans l’ensemble des arènes interstitielles au sein desquelles sont concrètement
produits ces droits. Ces différents dispositifs, plus ou moins institutionnalisés, sont autant
d’espaces où se déploient des relations de pouvoir, où se distribuent les capacités d’agir et les
légitimités des différents acteurs concernés, autant de lieux où se forment les identités sociales
et où se gouvernent les subjectivités individuelles.
Ce dossier thématique de terrains & travaux accueillera des contributions de plusieurs
disciplines (sociologie, science politique, économie, histoire...) s’inscrivant, de façon non
exhaustive, dans les axes développés ci-dessus. Les contributions devront prendre appui sur
des enquêtes de terrain soigneusement documentées et préciser la méthodologie adoptée.
Les articles, de 40 000 signes maximum (espaces, notes et bibliographie compris),
accompagnés d’un résumé de 150 mots et de 5 mots-clés en français et en anglais, devront
parvenir sous forme électronique (format Word, cf indications ci-dessous pour la mise en
forme des textes) aux coordinateurs du numéro avant le 26 février 2013 aux adresses
suivantes :
Pierre-Yves Baudot : pybaudot[a]cesdip.fr
Céline Borelle : cborelle[a]yahoo.fr
Anne Revillard : anne.revillard[a]gmail.com
La revue accueille par ailleurs des notes critiques sur le thème (25 000 signes maximum),
ainsi que des articles hors dossier (40 000 signes maximum). Les articles hors dossier
doivent être envoyés à Anne Revillard : anne.revillard[a]gmail.com
Mise en forme des textes pour une première soumission à terrains & travaux :
- Document au format Word (.doc) en Times 12, interligne simple
- 2 niveaux hiérarchiques de titres, non numérotés : titre de partie en gras, sous-titre en
italiques
- Pour les normes de présentation des références bibliographiques, se référer à un numéro
récent de la revue : http://www.cairn.info/revue-terrains-et-travaux.htm