mardi, 04 février 2014 15:52

22e séance - 19 décembre 2013

Cécile Quintin (INVS)

Est-ce que le handicap ou les limitations peuvent influer sur les pratiques de dépistage des cancers féminins ?

Maude Espagnacq (DREES)

L'approche multiple du handicap

La séance :

Cécile Quintin (INVS)

Est-ce que le handicap ou les limitations peuvent influer sur les pratiques de dépistage des cancers féminins ?
Résumé :

Le cancer du sein est l’un des deux cancers féminins pour lesquels un dépistage est recommandé. L’objectif de cette étude est de montrer si les femmes en situation de handicap ou souffrant de limitations sensorielles ont le même recours au dépistage que les autres. Les femmes âgées de 50 à 74 ans (âge auquel le dépistage par mammographie est recommandé) ont été sélectionnées à partir de l’enquête HSM-2008 et interrogées sur leurs derniers examens. Trois variables composites décrivant le handicap ont été retenues comme variable d’intérêt (handicap moteur, difficultés cognitives et limitations sensorielles). Toutes les analyses sont pondérées et ajustées sur l’âge et des variables socio-démographiques et médicales.
Principaux résultats : 77,9% des femmes éligibles au dépistage du cancer du sein ont fait une mammographie dans les 2 ans précédents.
Parmi les 3 types de difficultés présentées, seul le handicap moteur semble jouer un rôle dans la pratique de la mammographie puisque les femmes souffrant de handicap moteur ont moins de chance d’avoir bénéficié d’une mammographie dans les 2 ans que les autres (OR=0.86 [0.73-0.99]), dans un modèle ajusté.

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Maude Espagnacq (DREES)

Multi-approches  du handicap
Résumé :

Le handicap est un terme générique incluant à la fois les atteintes fonctionnelles de l’organisme et les difficultés que ces atteintes provoquent dans la vie quotidienne. L’Organisation mondiale de la santé a mis en avant un modèle permettant de distinguer différents aspects du handicap. Les maladies, accidents ou malformations peuvent engendrer des déficiences (dysfonctionnements ou lésions des organes, des tissus ou du cerveau tels que paralysie, malvoyance, trouble neuronal…). Ces déficiences sont susceptibles d’altérer les fonctions motrices (se déplacer, saisir des objets…), sensorielles (voir de près, de loin…) ou mentales (comprendre, se souvenir…) : on parle de limitations fonctionnelles. Ces limitations fonctionnelles peuvent à leur tour engendrer des restrictions dans les activités de la vie quotidienne (pour assurer les soins personnels élémentaires, gérer les tâches ménagères ou administratives…). Lorsque les difficultés touchent des activités essentielles qui correspondent à un rôle social (travailler, gérer sa vie à domicile, gérer les soins personnels), on parle de désavantage social ou de restriction de participation sociale. Ainsi, le terme handicap ne fait plus référence aujourd’hui aux seuls troubles fonctionnels de la personne, mais bien à l’interaction entre ces troubles et l’environnement, qui peut engendrer des restrictions. Les personnes sont en situation de handicap lorsque leur déficience ou leur limitation les conduit à limiter leurs activités dans un environnement donné.
L’objet de l’étude est de déterminer la population à risque de handicap selon différentes approches : par les limitations fonctionnelles, par les définitions administratives et par le ressenti du handicap. On étudie ensuite les différences de restriction de participation sociale selon que les personnes sont définies ou non handicapées selon ces différentes approches. La restriction de participation sociale qui correspond le plus à la nouvelle acception du handicap est étudiée partir de 3 exemples : les restrictions d’activités de la vie quotidienne, l’accès à l’emploi et la mise en couple.
L’enquête Handicap Santé permet d’étudier avec précision la situation de handicap selon l’approche fonctionnelle. Mais elle permet également d’aborder le risque de handicap par d’autres aspects. On peut y repérer les personnes qui ont obtenu le statut administratif de personne handicapée (approche par la reconnaissance administrative du handicap) et celles qui  se considèrent elles-mêmes limitées dans leurs activités (approche par le ressenti du handicap). Cette dernière approche est celle utilisée dans le « mini module européen », qui est intégré dans l’ensemble des enquêtes européennes quelque soit le thème. Comme les trois populations définies par ces trois approches ne se recouvrent que partiellement, il est possible d’étudier leurs intersections et leurs différences.
Après une description de chacune des trois populations, on étudie les caractéristiques des personnes qui ont limitations fonctionnelles déclarées car c’est la définition qui correspond le mieux à la notion de handicap mise en avant par l’OMS et par la loi de 2005 sur le handicap. L’objectif est de voir l’influence   de déclarer (ou non) en plus une reconnaissance administrative du handicap ou un ressenti du handicap sur le risque de restriction de participation sociale.
On constate que le fait d’appartenir à une seule de ces trois catégories ne provoque qu’une faible restriction de participation sociale, alors que le fait de les cumuler provoque une forte restriction de participation sociale, et ceci dans les trois sphères étudiées (la restriction d’activité, l’accès à l’emploi et la mise en couple).

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